Auteur : Tanja Kammermann (F)
Droits à l'image Simon Cattin
« Nous voulons continuer sur la même voie et franchir un palier supplémentaire »
Discret, Florian Cerny parle à voix basse, un sourire malicieux sur ses lèvres. Son titre universitaire en poche, il a rejoint sans attendre Ultrasoft, où il dirige actuellement le département qui développe Gina. Durant l’entretien, j’en apprendrai davantage sur lui : qu’il peut aussi faire preuve d’autorité, pourquoi il ne programme plus et en quoi il souhaiterait sortir de sa zone de confort.
Je savais que Florian, ou Flo comme nous l’appelons, viendrait à l’entretien vêtu d’une chemise bleue. Et je sais aussi désormais que dans le secteur du développement de logiciels, il ne faut pas perdre une seconde si l’on veut retenir un talent. Toutefois, la rapidité avec laquelle Florian a été engagé dépasse mon entendement. « En janvier 2014, j’ai fait une journée d’essai chez Ultrasoft. Le soir, Reto Bischnau, qui dirigeait alors l’entreprise, m’a demandé si je pouvais commencer le matin suivant ! J’ai trouvé quelqu’un pour s’occuper de mes chiens et me suis présenté le lendemain à 8 heures 30. C’était il y a dix ans », explique Florian pour résumer le début de sa carrière. Pour ce qui est des chiens, nous y reviendrons plus tard.
Après avoir obtenu son diplôme d’informaticien à Karlsruhe, Florian rejoint ainsi directement Ultrasoft, une petite entreprise qui ne compte alors que douze employés. Sa carrière n’a cessé de se développer depuis lors : « Nos effectifs ont presque doublé. À l’époque, le développement des logiciels y était divisé en deux secteurs, les modules et les processus. Après environ deux ans, j’ai repris la direction de l’équipe Modules, après cinq ans et demi, je dirigeais toute la programmation et un an plus tard, j’ai fait mon entrée au comité de direction », dit-il pour retracer sa trajectoire. Depuis la fusion avec GLAUX GROUP, notre quarantenaire dirige le département de développement de Gina en qualité de Product Owner. Gina est l’abréviation du nom allemand de l’application (Gefängnisinsassenapplikation), le numéro 1 suisse pour le secteur de l’exécution des peines et des mesures.
La fin de sa carrière de programmateur
Florian a écrit une grande partie des modules de Gina, mais il ne fait désormais plus de programmation. Est-ce que cela lui manque ? « Oui et non. J’adore programmer, mais je n’ai pas voulu laisser passer l’occasion de devenir directeur du développement des logiciels. En vrai geek, ça me titille évidemment de me remettre à coder de temps à autre. »
Parmi les grandes réussites de sa carrière, Florian mentionne des projets de grande envergure et plusieurs déploiements de Gina, en dépit du stress que cela comporte. « Pour le projet FABESYS, le nouveau système de gestion de cas de l’Office de l’exécution judiciaire du canton de Berne, la migration des données a duré tout le week-end. Passer 48 heures à travailler en équipe a été une véritable aventure ! De tels moments nous montrent ce dont nous sommes capables ensemble. »
Florian, très attaché à son équipe, pose le cadre pour que ses développeurs puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. « Je suis à leurs côtés, mais dois aussi prendre des décisions. Je le fais cependant toujours en concertation avec eux. Nous avons déjà vécu tellement de choses ensemble, également sur le plan privé, que nous sommes des égaux unis par une relation de confiance. Je suis par exemple le parrain de la fille de Cyrill. » Cyrill Baumann, lui aussi un pilier de la première heure d’Ultrasoft, dirige l’équipe Processus.
« Nous étions trop petits pour être grands. Et trop grands pour être petits. Pour nous, la fusion avec Glaux est une occasion en or ».
Florian Cerny
Product Owner Gina
Déménagement au troisième étage
En janvier 2023, Ultrasoft rejoint GLAUX GROUP. « Nous étions trop petits pour être grands. Et trop grands pour être petits. Pour nous, la fusion avec Glaux est une occasion en or », se réjouit Florian. Et d’ajouter : « Qui n’avance pas recule. Et nous ne voulons pas nous faire distancer. Bien sûr, nous devons encore procéder à quelques adaptations dans certains domaines, mais c’était la bonne décision. » La quinzaine de collaborateurs et collaboratrices que comptait alors Ultrasoft ont quitté Zollikofen pour prendre possession du troisième étage du bâtiment de la Steigerhubelstrasse. Florian apprécie le soutien dont il bénéficie sur le site de Berne : « Tout le monde est toujours prêt à donner un coup de main. Quel que soit le niveau hiérarchique. Le savoir-faire est énorme, on ne se retrouve jamais seul face à un problème. »
Florian s’est donné pour mission d’intégrer le mieux possible son domaine dans GLAUX GROUP, de continuer à développer son produit et d’améliorer la qualité. « Nous voulons continuer sur la même voie et même peut-être franchir un palier supplémentaire. Je ne me contente jamais longtemps du statu quo », assure-t-il. Il cherche aussi à préserver l’« esprit d’équipe Gina ». « Nous devons cependant sortir encore un peu plus de notre zone de confort pour tirer tout le parti possible de notre appartenance au groupe. Pour cela, il faut aller vers les autres, nous adapter et aborder les sujets qui nous tiennent à cœur. »
Florian Cerny, un homme aux petits soins de son équipe, ici avec Abdel Maarouf (d.) et Goran Milovanovic (g.) au troisième étage de la Steigerhubelstrasse à Berne.
Une équipe jeune
Florian a une pensée à la fois systémique et analytique, mais ce ne sont pas ses seuls atouts : « J’ai une approche très rigoureuse et très systématique. Et j’attache de l’importance à la franchise et à l’honnêteté. C’est déterminant, surtout dans les situations difficiles ».
Les progrès vertigineux enregistrés dans le domaine du développement logiciel, loin de l’effrayer, le fascinent : « Nous sommes une équipe jeune, avide de connaissances et bien au fait des dernières tendances. Et qui n’est jamais à court d’idées », précise-t-il. Il sait aussi que les infrastructures de Gina seront probablement tout à fait différentes dans dix à quinze ans. Sans compter que le domaine de la justice, dans lequel s’emploie le logiciel, évoluera lui aussi fortement. « Nous restons sur la brèche, impatients de voir quelle sera l’évolution », conclut Florian, et je vois qu’il s’en réjouit.
Comment Florian a-t-il évolué personnellement ces dix dernières années ? « Je suis plus calme et décontracté, notamment pour affronter les difficultés. Auparavant, j’avais de la peine à prendre du recul dans certaines situations. Il n’empêche que nous avons jusqu’ici tout surmonté. C’est positif. »
Un champion du sport canin
Avec celle qui est devenue sa compagne peu de temps avant la pandémie, Florian se construit une maison à Heimenschwand, quelque 30 km au sud de Berne, à près de 1000 m d’altitude. « C’est une zone très rurale, un bon dépaysement après une journée stressante au bureau. » Florian a derrière lui une très belle carrière dans l’Agility, un sport canin. « Dans ma famille, nous avons toujours eu des chiens et nous allions au terrain d’entraînement pour les dresser. »
« Il y avait là des sportifs qui franchissaient des obstacles avec leurs chiens, c’était fascinant. En 2001, j’ai reçu mon premier chien et nous sommes allés de succès en succès, lui et moi : nous avons été deux fois vice-champions du monde et une fois champions d’Allemagne. » Et d’avouer être très strict avec ses amis à quatre pattes. Voici ce qui dit ChatGPT de sa carrière dans les sports canins : « Connu pour la précision et le sérieux avec lesquels il entraîne les chiens, Cerny s’est forgé une excellente réputation d’entraîneur et de praticien des sports canins. »
Sa participation à de nombreux tournois tant nationaux qu’internationaux l’a amené à beaucoup voyager. « Avec mon chien suivant (Suki, à gauche sur la photo), j’ai été champion suisse. J’ai aussi représenté deux fois la Suisse aux championnats du monde et participé aux championnats d’Europe. J’ai pendant longtemps consacré beaucoup de temps et d’énergie à cette passion », conclut-il. S’il ne pratique plus lui-même l’Agility, il soutient sa compagne durant les tournois : « Je fais la même expérience qu’avec la programmation, parfois, cela me démange à nouveau. J’ai tellement de souvenirs, je n’oublierai jamais ces moments. Mais maintenant, je profite de chaque weekend libre pour me reposer. »
Florian et sa compagne ont cinq chiens. C’est surtout elle qui s’en occupe, car elle tient un salon de toilettage pour chiens. « Je donne un coup de main quand je peux, surtout le week-end. Je lui suis très reconnaissant pour tout ce qu’elle fait. » Et grâce à elle, il revient à ses premières amours, la programmation : « J’ai programmé un système de gestion de caisse pour son salon et je l’aide à résoudre les questions informatiques. »
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